Tanagra et ses statuettes

Tanagra est une nécropole de Béotie où l’on a retrouvé de nombreuses statuettes en terre cuite dans les années 1870. On a naturellement nommé ces œuvres « tanagras », en référence au lieu où elles ont été découvertes. On a produit des tanagras dans ce lieu entre le IVe et le IIIe siècles av. J-C. Mais ce n’est pas le seul centre de production: Athènes en a aussi produit un certain nombre.

La Béotie

Le travail de la terre cuite est une tradition béotienne très ancienne, on en trouve des témoignages dès le VIIIe siècle. On pourra prendre l’exemple des idoles-cloches. Le corps de ces idoles était réalisé au tour puis aplati. Les membres sont modelés. On peut noter que les jambes étaient liées au corps par un fil, ce dispositif permettait de les bouger. De nombreuses hypothèses ont été énoncées quant à leur utilisation: apotropaïques ou  associées au culte de la déesse Artémis.

Idole cloche, v. 700 BC, Thèbes (Béotie), Louvre

Idole cloche, v. 700 BC, Thèbes (Béotie), Louvre

Les tanagras peuvent êtres liés à des rituels funéraires, être des offrandes votives ou aux dieux. Ces statuettes adoptent des formes très diverses: divinités, danseuses, femmes drapées, enfants mais aussi animaux… On en trouve en Grèce à partir de 600 av. J-C environ. Les moules, utilisés à partir du VIe siècle av. J-C, vont favoriser leur production en série et, de fait, leur diffusion. On voit ainsi des « types » se fixer. Enfin on pourra noter que ces pièces étaient polychromes, certaines ont d’ailleurs conservé leurs couleurs.

Comment fabrique-t-on un tanagra?

Au départ les figurines étaient modelées, jusqu’à l’apparition de moules au VIe siècle. Les moules étaient dans les premiers temps utilisés pour réaliser les visages et le reste de la statuette était modelé.

Moule, Louvre

Moule, Louvre

Les moules sont généralement bivalves, c’est à dire en deux parties (une partie pour la face avant et une autre pour l’arrière). Il est cependant arrivé aux artisans d’utiliser des moules séparés pour le corps et la tête. Cela permettait de plus des combinaisons de modèles pré-établis. Ils servaient bien sûr plusieurs fois et permettaient donc une production en série.

On part d’un modèle réalisé par un sculpteur afin de créer les moules. De fines plaques d’argile y sont disposées; on peut alors cuire la statuette. Ces œuvres sont donc creuses. On aura pris soin de percer des évents dans la statue afin qu’elle n’explose pas lors de la cuisson. On les place généralement à l’arrière du sujet. Ce dernier est placé sur une plaque d’argile qui lui assure une certaine stabilité.

Event, Louvre

Event, Louvre

Il faut rappeler que les tanagras étaient polychromes. Ces statuettes sont peintes à partir du IVe siècle av. J-C.  Avant de colorer l’oeuvre il faut lui appliquer une couche préparatoire qui permet de conserver les pigments. On utilise en effet des pigments naturels organiques (le charbon de bois pour le noir, de la racine de garance pour le rose) ou minéraux (des oxydes de cuivre ou de fer par exemple). Néanmoins il existe également des pigments synthétiques comme le bleu égyptien. On pouvait en superposer plusieurs pour créer de nouvelles couleurs. Enfin, ils étaient mélangés à un liant comme du blanc d’œuf.

La dame en bleu, v. 300 BC, 32,5 cm, Louvre

La dame en bleu, v. 300 BC, 32,5 cm, Louvre

On peut trouver des traces de dorure, comme sur l’oeuvre ci-dessus, à partir de 360 avant Jésus-Christ. Il s’agissait de dorure à la feuille. Elle était appliquée sur une couche préparatoire puis on la brunissait à l’agate afin de lui donner un aspect lisse.

C.P

Une réflexion sur “Tanagra et ses statuettes

  1. MADAL dit :

    Une fois encore, des informations très intéressantes sur des éléments du patrimoine grec. L’iconographie présentée ici souligne la présence des Tanagras au Louvre. Quels sont les musées européens qui les mettent en évidence ?

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